dimanche, janvier 15, 2006

台北美術槳

Taipei Arts Awards
Au Taipei Fine Arts Museum
jusqu'au 5 Mars.


36ème édition du concours annuel à l'issue duquel 5 grands prix ont été décernés, parmi les 531 propositions reçues...
Cinq créations d'artistes nés entre 1977 et 1980.
La jeune génération taiwanaise.


D'abord vous parler de TSENG Wei-hao, et de son installation PICSOUND.

Deux pans de murs blancs, en L.
Sur ce livre ouvert, cinq bandes horizontales noires.
Entre chaque bande, des gribouillis au fusain, métalliques. du brillant sur le mur mat.
des traits verticaux, se superposant, reliant inlassablement les lignes noires entre elles. traits laissés par le public, invité à relier les bandes entre elles.
...et deux personnes du musée qui s'évertuent à les isoler, en faisant disparaître à la gomme le nuage gris, sur un cm de part et d'autre de chaque ligne.

est-ce là tout?

Non, évidemment.
Chaque bande est en fait sensible au contact physique du public.
Le visiteur, pour entrer en présence de l'oeuvre, peut se munir d'un crayon et établir une connexion dont la trace restera visible (jusqu'à ce qu'elle soit effacée par le visiteur qui se sera muni d'une gomme, ou par les deux personnes du musée..car apparemment le visiteur préfère gribouiller qu'effacer)
Il peut aussi simplement relier de ses deux bras les lignes entre elles.
Conducteur, son corps établit la liaison et permet l'émission d'un son. "matérialisation" sonore de la connexion établie, qui disparaît spontannément sitôt que la main s'écarte du mur.
Magique.
comme s'il existait des réseaux invisibles, ici matérialisés par les bandes noires, que l'on pouvait faire entrer en résonance.

Et du coup, l'oeuvre prend une autre dimension. envahissant l'espace. Il n'y plus seulement un livre ouvert, comme une partition avec ces cinq bandes noires. Le mur en L devient un véritable clavier, et l'espace qu'il embrasse celui par lequel il peut vibrer et émettre des sons.
Entrant dans cet espace, comme une note qui viendrait s'accrocher à la partition, le visiteur dès qu'il "s'accroche" au mur définit l'espace de l'oeuvre qui se met sitôt à exister.
Magique. et hop, dès qu'il s'en va, l'espace s'applatit et il ne reste que la partition silencieuse. griffonnée de notes grises, les traces graphiques de connexions virtuelles, de sons en puissance.

comme si le trait de fusain que trace le visiteur était en fait son ombre, l'image plate et écrasée de sa présence à l'oeuvre.


Par ailleurs, l'effet secondaire de l'utilisation de fusain par le public est aussi très amusant.
évidemment, le fusain, ça laisse les mains grises. et évidemment, les murs d'un musée d'art moderne et contemporain sont blancs.
alors, en cercles concentriques autour de l'installation de Tseng Wei-Hao, les menottes laissent leurs traces... et on peut se plaire à imaginer qu'à chaque trace grise, amorce d'une ligne, l'ombre d'un doigt, il y a la visualisation d'une note possible, virtuelle. l'amorce d'un point de communication, qui n'attend que notre présence active.
mais je ne pense pas que ce soit spécialement un effet recherché, on dira plutôt que c'est un effet secondaire. inévitable, avec ses désagréments pour le musée! mais pas pour moi, ça m'a fait bien rigoler, et je trouve ça plutôt poétique !

Quelques mots sur l'artiste:
né en 1977 à Tainan. diplômé du Tainan National College of the Arts, Institute of Plastics Arts en 2004, il a participé à plusieurs expo collectives à Taiwan depuis 2001...


la prochaine fois, la création de Kuo I-Chen...