samedi, janvier 28, 2006

Taipei Awards: Kuo I-Chen. Lost Contact

Kuo I-Chen.
Cet artiste né à Kaohsiung en 1979 a participé en 2005 à la Biennale de Venise (présentant son oeuvre vidéo "Invade the Prigioni "au pavillon installé par Taiwan en marge du pavillion officiel chinois). Il a aussi participé à la Biennale de Taipei en 2004, et ,pour sa première exposition en 2002, à la CO2 Taiwan Avant-Garde Documenta.
C'est à la Biennale de Shanghai en 2005 qu'il a présentée l'oeuvre primée au Taipei Fine Arts Museum aujourd'hui: Lost Contact

Une caméra accrochée à des ballons, transmettant les images en temps réel. l'enregistrement de ces images, projeté sur écran dans une salle fermée.

D'abord trimballée à bout de bras, la caméra rase le sol (comme ses enregistrements par erreur que l'on a tous eu un jour oul'autre sur un petit appareil d'amateur..)
Enfin les pas s'arrêtent, la caméra tangue encore, puis trouve un équilibre.


Confiée au vent au départ d'une dalle cassée d'où surgissent des herbes, elle reprend son mouvement de balancier aléatoire, ne tarde pas à prendre de la hauteur, élargissant son champ de vision à mesure qu'elle s'éloigne. Et on est emportés avec elle, comme nous même accrochés à un gigantesque ballon, parfaitement impuissants.


On quitte la petite terrasse de l'immeuble, les bruits de la ville nous parviennent. On quitte le quartier, qui devient très vite un détail du quadrillage urbain.
Alors que l'on prend de plus en plus en de recul (un recul tournoyant), situant de mieux en mieux notre point de départ dans son environnement, la liaison qui nous rattache au sol s'affaiblit.


excitation mêlée d'angoisse.
est-ce possible?
s'évader, en gardant contact. continuer à voir. continuer à entendre, même lointains, les bruits du monde.

le lien se fait de plus en plus ténu, et les ratés de transmissions crachent de plus en plus fort à nos oreilles. jusqu'à ce que cela se transforme en un bruit continu, assourdissant, jusqu'à ce que l'image se brouille complètement.


Et alors tout s'arrête.
Délivrance, le silence brutal. Et l'écran devenu noir.
On reste abasourdi, il faut quelques secondes pour se remettre.

"I hold my breath
A flaneur in an amorphous town
Gently, lighter than air, I lift my body
It is doomed
I fly away, yet never does my fate so tied to the ground
the contact is my raison d'être
I reach for it
I reach for it...
I lost contact."
Kuo I-Chen

Curieuse expérience
Complètement nouvelle
prendre le large, regarder l'activité humaine d'en haut, mais avec le danger de l'éloignement.

Altération des sens avec la distance
on n'entend plus, on ne voit plus, on n'est plus lié à rien,
et on sait qu'on continuera toujours à s'éloigner comme ça parcequ'il n'y aura rien pour nous retenir : le fil qui nous tient à la terre s'amincit, jusqu'à disparaître.

Altération des sens, isolement
jusqu'à la perte de conscience